Le procès de Claude Gueux en Seconde
Les classes de Seconde, sur une proposition de leur professeur de lettres, Mme Bullier, ont réalisé une reconstitution du procès de Claude Gueux en avril 2022. La Seconde A, en particulier, l’a fait dans le réfectoire du lycée, et en présence de nombreux parents. L’article qui va suivre (hormis les parenthèses explicatives) est censé être rédigé par des journalistes de l’époque du procès reconstitué, et antidaté en 1975.
En avril 1975 (date où la peine de mort était encore en vigueur) se déroula le procès de Claude Gueux qui a tué le directeur de la prison en lui infligeant 7 coups de hache dont six dans la tête et un dans la jambe. Ce drame s’est produit dans l’atelier alors que tout le monde était à son poste et que le directeur venait faire son tour habituel. Claude Gueux venait le voir comme chaque soir où le directeur passait et demandait comme à son habitude de le remettre avec son ancien camarade. Albin lui manquait car il lui donnait la moitié de son pain chaque repas, mais le directeur décida donc par ces faits de le séparer de Claude Gueux.
Ce dernier avait été incarcéré pour avoir volé du pain et du charbon pour sa famille et demandait à chaque fois que le directeur passait de le remettre avec son ami et bien évidemment M. D. refusait. Alors, un soir, Claude Gueux décida de tuer le directeur avec une hache et de se donner la mort avec des ciseaux juste après. Nous voici donc au tribunal pour juger Claude Gueux sur ses actes criminels commis durant ces dernières années.
C’est ainsi que le procès (ou plutôt sa reconstitution par la classe de Seconde A) commença à 15h30 avec l’installation du jury et des spectateurs dans la salle (à manger du lycée) et c’est à 15h34 que le procès débute vraiment avec l’entrée et la présentation de l’accusé par le président de la cour avec la description des actes de l’accusé. Ensuite la partie civile se présente : la mère du directeur décrit ensuite son fils au vu des autres en le caractérisant comme un être « sensible », « pas mauvais mais méchant », « pas facile ». Puis le frère de la victime passe à la barre, prononce son serment et parle de son frère en le désignant comme une personne qui a des « pulsions », qui « s’emporte très souvent » tout en précisant : « je le détestais mais je ne voulais pas qu’il meure ». Nous passons ensuite au témoignage d’un camarade de cellule de l’accusé, son ami nommé Albin qui n’avait pas vu la scène et qui était celui qui partageait son pain avec l’accusé lors des repas le soir.
Enfin nous avons un deuxième témoignage d’un camarade de cellule, présent lors de l’acte, rapportant que Claude Gueux aurait suivi le directeur par derrière et l’aurait supplié, comme à son habitude, de le mettre avec son camarade ; le directeur refusant, l’accusé le menaça ensuite et voyant que le directeur refusait toujours, Claude Gueux lui aurait alors assené 6 coups de hache sur le crâne et 1 sur la jambe. Les témoins font leur rapport à partir des échantillons d’ADN (difficilement réalisable en 1834) en montrant que Claude Gueux était bien le meurtrier car on retrouve son ADN sur la hache et qu’il n’y a point d’autre marque aussi récente retrouvée dessus.
C’est au tour des avocats, il est 15h54 soit une demi-heure plus tard, et on commence avec le procureur de la partie civile qui veut « rendre justice » en montrant que le directeur était un homme froid et peu empathique mais que ses proches s’attachaient quand même à lui : « un homme qui aurait pu être votre ami », et qu’il ait besoin de montrer à Claude Gueux qu’il était le chef prouvait que le directeur avait bien fait de le séparer de son ami. Viennent, dans une suite logique, les avocats de la défense qui montreront la cruauté du directeur et reviendront à la source même de l’emprisonnement de Claude Gueux, le vol : le vol non de richesse mais d’un objet matériel pour les besoins de l’accusé et de sa famille. Nous passons donc à un enchaînement entre les avocats des deux parties. Et c’est à 16h44 que les jurés vont délibérer pour donner le verdict neuf minutes plus tard : Claude Gueux est condamné à une peine de 30 ans de prison pour vol et meurtre sur le directeur de la prison.
Là intervient le président de la République (nous sommes en 1975) qui prononce son discours devant la cour et les spectateurs, clôturant ainsi le procès de Claude Gueux.