Un secret espoir
Un secret espoir parmi les élèves qui participent au voyage à Séville : « Y aura-t-il des grèves la semaine prochaine qui nous empêcheraient de rentrer en France ? » Car ici, les journées sont longues et ensoleillées, l’odeur des fleurs d’orangers et l’encens qui brûle dans les rues pour préparer la Semaine Sainte sont presque envoûtants.
Mais c’est surtout l’accueil chaleureux des familles sévillanes qui nous retient. Chacun des garçons a été reçu avec une réelle affection. Les mamans surtout se décarcassent pour que tout se passe bien. Plusieurs correspondants ont laissé leur chambre pour que nos petits Français soient confortablement installés.
Avant notre arrivée, les professeurs du collège correspondant, Tabladilla, avaient pris soin de choisir les familles en fonction des informations fournies sur chacun de nos élèves. Curiosité cette année, un garçon de Hautefeuille a dit qu’il était fan du Betis (l’une des deux équipes de la ville, à ne surtout pas confondre avec le FC Séville). Il a été facile de trouver une « famille du Betis » pour le recevoir. Mais quelle ne fut pas la surprise lorsque notre jeune Français est arrivé à l’aéroport avec son écharpe du Betis autour du cou ! Sa maman d’accueil en avait les larmes aux yeux, et son « père » le gratifiait déjà d’une forte et bruyante accolade. Autant dire qu’il était adopté sur-le-champ. D’autres étaient plus timides au premier contact : ¿Hablas español ? Solo un poquito… Mais après une première soirée au Burger King avec les copains tout allait beaucoup mieux.
Chaque matin, nous nous retrouvons à l’école et après un bref topo de présentation de la journée nous partons en car vers notre destination du jour. La première journée nous avons parcouru de long en large le parc Maria-Luisa verdoyant et la Plaza de España, et l’immense Cathédrale de Séville. Le lendemain, les taureaux nous attendaient dans une finca (propriété). Fabrice, le mayoral (intendant) français, nous a introduit dans le monde de la tauromachie. Dans la remorque d’un robuste tracteur, nous pouvions déambuler en sûreté au milieu des novillos, gentilles bêtes musclées de 400 kg. Il nous a fallu tout de même forcer la marche lorsqu’un mâle Alpha s’est mis a gratter le sol avec son sabot en attaquant le maigre grillage de ses cornes pointues.
Vendredi matin nous avons prié devant la Vierge des Douleurs de l’église de la Macarena et visité le musée des Beaux-Arts. Les professeurs ont constaté presque avec étonnement la façon dont les élèves découvraient et admiraient patiemment quelques chefs-d’œuvre de la peinture classique espagnole : Murillo, Zurbarán, Pacheco, Le Greco, entre autres.
Chaque jour, entre deux visites organisées, le groupe déambule dans les rues souvent piétonnes de la ville. Pour rendre la promenade plus ludique, un grand jeu a été organisé. Les élèves, répartis en groupe, doivent visiter un certain nombre de monuments indiqués sur un plan, sans se faire photographier par les professeurs qui rôdent à l’affut dans le quartier. Un peu d’adrénaline donne à la visite un petit goût d’aventure.
Enfin, le week-end arrive et chaque élève reste avec sa famille. Certains iront à la plage, d’autres rejoindront une fête de famille à la campagne et même dimanche quelques-uns assisteront au match du Betis ! Il y aurait encore beaucoup de choses à découvrir, mais il est temps de rentrer à la maison… à moins que les gentils organisateurs de la CGT n’en décident autrement.